Diplômé en études rappologiques, et spécialisé dans la culture de l'ouest urbain, Dr Dre(son vrai nom est André Young) est, à 34 ans, une légende vivante (et c'est devenu rare!) du gangsta rap. Le son révolutionnaire de NWA, Easy E, the D.O.C., si particulier aux rappeurs du possee n'aurait jamais existé sans l'intervention de ce talentueux chirurgien rappeur dans le laboratoire musical mondial.
Membre fondateur, avec Ice Cube, du célèbre groupe rap NWA à la fin des années 80, le célèbre praticien de l'insulte (on n'a pas oublié le légendaire Fuck The Police) met fin, en 92, à la suprématie de New York sur le rap U.S., et invite l'Amérique entière à découvrir un univers où les règlements de compte se jouent sur sièges de cuir et sur fond d'histoires de femmes terriblement sexistes. Celui qui a réveillé toute la côte ouest avec The Chronic, sa première aventure solo, et qui sort pèle mêle de l'anonymat Snoop Doggy Dogg, Kurupt, Dogg Pound, Lady Of Rage, Nate Dogg, RBX, Death Row et l'herbe californienne hydroponique, est à l'origine d'un G funk à base de basses bien grasses et de mélodies P funk tronquées qui marquera à jamais le public comme les professionnels. Véritable chronique urbaine des ghettos dans l'aftershock des émeutes de Los Angeles, The Chronic popularise le nihilisme gangsta des rues de South Central et un flow paresseux, élastique pour lequel l'ex NWA n'a pas de rival.
Classée en 1993 dans le top 5 des meilleures ventes, cette " chronique mythique " pose la première pierre d'un édifice à l'origine du succès de Snoop Doggy Dogg, Tupac Shakur et autres Warren G. Le label Death Row, géré par Dre et Suge Knight (chef des Bloods, paraît-il, dans cette célèbre guerre des gangs), devient un incontournable du rap et l'un des plus puissants aux U.S. Les plus grands se l'arrachent : Snoop Doggy Dogg ( Dooggystyle sera certifié cinq fois platine), Michel'le, Easy E, Above the Law, Tupac pour son California love...
Mais fragilisé par les embrouilles en tous genres (n'oublions pas qu'il s'agit de gangsta rap) l'empire Death Row s'effondre à coups de règlements de compte meurtriers. Dr Dre quitte le label en 96, malgré les menaces de Suge qui considère son départ comme de la haute trahison. Dre s'embrouille avec son Dogg favori et commence à susciter de la haine : Luke, ex Skywalker, pape de la bass music de Miami lui " dédie " le morceau Dr Dre Is A Bitch Ass, et Tupac fait de même avec une rime qui n'est pas des plus sympathiques dans son California Love Part two : Without Gay Ass Dre (sans ce pd de Dre).
Exilé à New York, l'autre côte du rap, il monte le label Aftermath qui se ramasse à l'allumage, suite au bide de la compilation du même nom, qui n'a rien de la bombe atomique suggérée par la jaquette de l'album.
Il lui faudra attendre la signature et la production d'Eminem, révélation hip hop de l'année, pour faire son grand retour dans la cour des grands et préparer son nouvel album solo auto-produit, deuxième volet des chroniques d'il y a huit ans. Quatre mois après la quasi escroquerie signée Suge Knight : Chronic 2000, Dre sauve à nouveau son honneur hip hop avec 2001, qui renoue avec le rap old shool des grandes années West coast et perpétue la tradition des featurings.
Avec Still Dre, pur hit down tempo extrait de l'album, fort de claviers imparables, le célèbre Dr annonce la couleur : le maître est de retour... Rangé des aventures passées dont il a gardé quelques cicatrices, il reprend le filon qui l'a rendu célèbre, sa chronique apocalyptique du ghetto, avec ses poulains d'antan et une nouvelle équipe Hittman, Eminem, Xzibit et Six 2.
Ce n'est plus le gangsta rap révolté de 92 mais on y retrouve les thèmes chers aux niggaz de la côte ouest : l'amour de la weed (Let's Get High), l'insouciances des " bitches " (Bitch Nigga), les dangers de la rue (Bang Bang)... Accompagné de Mel Man à la production, Dr Dre a su adapter son flow aux tendances actuelles : les références P funk ne sont plus de mise, un beat tendu et des violons pizzicatos annoncent la nouvelle tendance d'un hip hop toujours cent pour cent californien.
Tupac et Biggie Smalls sont morts, Suge Knight en prison, tandis que Snoop réssucite plusieurs fois (Fuck you, The Next Episode) sur cette nouvelle chronique millénariste. Une réunion au sommet a lieu sur le titre XXplosive avec Hittman, Kurupt, Nate Dogg et Six 2, alors que What's The Différence voit s'affronter les deux générations de poulains : Snoop et Eminem, sur The Message on retrouve une Mary J Blidge au mieux de sa forme. Dre a même demandé à Jay-Z d'écrire le texte de Still Dre, façon élégante de dire que la hache d'une guerre Est/Ouest est bel et bien enterrée.
Deux ans de travail et un budget de multimillionnaire qui ne vont pourtant pas faire trembler que les les boomers du quartier....
SES ALBUMS
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The Chronic sorti en 1991 |
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Chronic 2001 sorti en 1999 |